Un corps vivant se géolocalise dans le corps du symbolique. Nous sommes des habités habitants du langage : des parlêtres. Bien avant de naître nous sommes entourés, traversés par un bain de mots, ceux de nos parents qui nous envisagent, nous rêvent ou pas, ceux de leurs propres parents pur lesquels nos parents ont été fils et fille.
Le petit d’homme naît sous les étoiles, dans le chaudron de la paranoïa : “ça parle de lui”. Quelque chose de proche à chacun qui tricote un paysage, une atmosphère dans laquelle des mots circulent et se rencontrent.
Une histoire d’atmosphère.
Le parlêtre s’ambiance du langage et dépend d’une condition de discours, à savoir l’organisation des liens sociaux dans une culture donnée et dans une temporalité. Naître à la préhistoire, au moyen âge ou au vingt et unième siècle n’est pas la même chanson. Le langage modifie le vivant et le sépare de l’organisme. Le corps est une construction singulière pour chacun qui ne va pas de soi. Le corps d’un parlêtre est en en permanente transformation, d’un bébé à l’âge adulte nous nous modifions et pourtant nous gardons un fil de continuité qui nous permet de considérer que ce bébé sur la photo c’est nous. Ce côté mutant de l’être vivant ne produit pas d’étrangeté radicale car il s’arrime à une idée de soi conjuguée à une unité corporelle.
Tisser la présence.
Accompagner, être à côté, c’est créer une atmosphère respirable pour celui avec lequel nous marchons. Créer des ponts, des passerelles, accueillir les détails, les changements de lumière dans les gestes et les mots.
Faire vibrer le lien à la mesure de chacun: à bas bruit, dans un souffle parfois et chanter aussi.
Bricoler les coordonnées “d’un avec” dans une continuité.
“Qu’est ce qu’on fait quand on réunit des personnes dans un même lieu?”
Une collectivité se trame de l’organisationnel, de statuts et de hiérarchie. Elle s’installe dans des murs et rassemble du supposé même. elle est de là porteuse d’uniformisation et de ségrégation.
Un collectif se construit de l’hétérogénéité et de la rencontre. C’est une organisation logique indirecte qui s’appuie sur l’invention et le désir.