Subtil Béton : méthodologie et élaboration

Pour moi cette histoire de machine à laver est un symptôme : celui d’une incapacité à l’invention, du carcan d’une vision systémique qui ignore l’émergence et repose presqu’entièrement sur une préconception des choses. Les préjugés occupent la quasi-intégralité de la fiction spéculative « d’anticipation » et bien souvent on n’en réchappe que pour sombrer dans la violence ou dans l’impuissance.

On en discutait encore à midi : oui, il y a une critique de la cybernétique et à raison, mais elle reste trop souvent cantonnée dans un rejet sans voir ce qui cloche dans l’approche cybernétique (la machine fermée) et sans considérer non plus l’évolution de cette pensée (notamment avec « le second ordre », qui selon moi reste criticable, mais échappe pourtant à la plupart des critiques « anti-tech » qui se contentaient de crever l’abcès d’une vision relativement simpliste de la pensée de Norbert Wiener.)

On trouve chez Simondon tous les arguments pour dépasser « l’hypothèse cybernétique », et si on y ajoute une simple remarque (féministe et décoloniale) du contexte de l’élaboration de cette pensée (États-unienne et militaire), on détient la clé pour la critiquer avec intelligence et sans être réactionnaire. Car c’est souvent le rapport à la technique et à l’abstraction qui restent problématiques et donnent des résultats peu convaincants sur des possibles post-capitalistes. C’est également pour cela que l’anticipation, dans le cadre de THX, m’intéresse moins que la spéculation autour de l’existant (dans les interstices et notamment hors-occident, mais pas seulement—c’est peut-être une différence que j’entretiens avec @natacha que j’ai encore un peu d’espoir dans la pensée philosophique « continentale », notamment Simondon qui reste largement inexploré—Merci à Aspe, Bardin et Combes pour défricher avec virtuosité les circonvolutions de la complexité simondonienne, à Lupasco pour la précéder dans l’ombre et aux féministes décoloniales pour l’incarner dans l’action).

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