Reçu ce jour :
Madame la Juge, Monsieur le Juge, bien le bonjour.
Je m’appelle Mikel Berasaluze Faivre, je suis SDFV (sans domicile fixe voulu), sans emploi depuis Juillet 2020 et je vais aujourd’hui sur mes 29 ans. Enfin, j’en ai 46 exactement dans mon corps, mais je dis que je vis mes 29 ans, parce qu’on m’a volé 17 ans de ma vie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis devant vous cet après midi.
Je suis venu porter plainte pour une erreur de diagnostic qui m’a été faite et donc demander des dommages et intérêts.
Mais avant tout, je veux que vous sachiez Madame et Monsieur le juge, que je pardonne toutes les personnes, qui par ignorance et mauvais jugement m’ont fait directement ou indirectement du mal à mon corps et à mon esprit durant cette partie de ma vie. Je pardonne toute ma famille et mes ami(e)s que j’ai eu avant ma nouvelle vie. Je pardonne également toutes les personnes que j’ai croisé durant mes deux années de métamorphose. Je suis en paix aujourd’hui, alors je peux vous pardonner. Et je vous demande pardon à mon tour.
Je viens donc porter plainte pour une erreur de diagnostic que m’a posé en 2003 le docteur psychiatre Maialen BOY, exerçant à l’époque à l’hôpital public de Bayonne. « Je ne sais pas si vous êtes encore de ce monde Madame, mais sachez que je vous pardonne également ». Je veux aussi porter plainte (vous trouverez ci dessous la liste des autres psychiatres) contre les médecins, qui ont pris en charge ma santé durant une partie de ma vie, uniquement en se fiant sur ce premier diagnostic sans le mettre en doute.
Liste des médecins psychiatres :
Docteur Thène, exerçant à la clinique Caradoc à Bayonne,
Docteur Brilland exerçant à l’hôpital de Bayonne
Docteur Pétrissans exerçant à la clinique de Caradoc à Bayonne,
Docteur Lasseguette exerçant à la clinique de Caradoc à Bayonne,
Docteur Darthoux médecin psychiatre libérale exerçant à Bayonne,
Docteur Maialen Cabanthous exerçant à l’hôpital de Bayonne.
Docteur Paul exerçant à l’hôpital de Bayonne
Docteur Bally exerçant à l’hôpital de Bayonne.
En décembre 2002, j’ai en effet été admis aux urgences psychiatriques de Bayonne à cause d’une grosse fatigue. Après 3 jours dans cet établissement, on m’a ensuite orienté vers la clinique de Cantegrit à Saint Pierre d’Hirube, où j’y ai passé 4 mois. Puis on m’a dirigé alors à l’hôpital public de Bayonne à Camps de Prats. C’est là que le Docteur BOY a posé un diagnostic sur ma santé.
Je suis apparemment bipolaire de type I.
Je ne connaissais pas cette pathologie à l’époque. J’ai dû apprendre à vivre avec en prenant des médicaments (antidépresseurs, anxiolytiques, régulateurs de l’humeur et somnifères) et ceci de façon quotidienne.
J’ai compté pour m’amuser, et je crois que j’en ai ingéré plus de 35.000 à partir de ce moment de ma vie et durant les 17 années qui ont suivies.
Mais la vie est vraiment imprévisible…
Et je ne pensais pas qu’un jour je me retrouverai à vivre hors du Pays Basque. Ce pays que j’ai défendu de tout mon cœur durant une grande partie ma vie, et qu’aujourd’hui j’ai fuis (pour le moment) parce que les lieux et les personnes avec qui j’avais des relations par le passé me déstabilisent encore.
Je vis en ce moment sous une tente, sous les pins et les chênes lièges landais. Après une longue réflexion, je me suis persuadé que je préfère vivre dehors comme le reste des êtres vivants de la planète. Je ne me vois plus louer un appartement où l’eau des WC est potable. Je préfère par ailleurs manger sainement avec mes 790 euros de chômage plutôt que de payer un loyer ou un crédit si j’étais propriétaire. Enfin, exactement 700 euros que je perçoit car l’administration française me débite depuis Janvier 2022 90 euros tous les mois sur le chômage car j’ai plus de 1500 euros d’amende à payer à cause des restrictions liées à la Covid que je n’ai pas respecté. Je trouve par ailleurs illogique d’être propriétaire d’un lopin de cette planète Terre. Une autre connerie humaine en mon sens et un autre débat à approfondir.
Il y a deux ans et demi, je me suis enfin échappé de cette prison.
J’ai osé !!
J’aurais pu continuer à vivre avec ma compagne de l’époque et poursuivre mon métier d’ouvrier agricole sur les trois exploitations dans lesquelles je travaillais. J’aurais pu également continuer à cuisiner (mon autre passion avec celle du maraîchage) pour les différentes associations culturelles dont j’étais membre et manger en même temps les médicaments que mes psychiatres me prescrivaient tous les trois mois. J’aurais pu oui, mais je ne l’ai pas fait.
Que s’est -il passé ? Je ne sais toujours pas. Certains diront que c’est Dieu qui m’a parlé. Mais perso, je ne crois pas en lui.
Je ne crois qu’en moi ! Et c’est ce que j’ai oublié de faire durant ces 17 années de prison je m’en rend compte aujourd’hui.
Je vous l’assure, le réveil a été , délicat, compliqué, dangereux, pénible, mais magnifique maintenant. Je suis passé comme cette chenille par une métamorphose qui a duré deux ans. Comme le Co(n)vid tiens ! Je suis passé d’une obésité morbide que je subissait alors à un corps d’athlète et sain maintenant, avec par moment des cheveux que je peignais en jaune puis bleu. Je suis passé d’une colère où personne ne pouvait m’approcher car je mordais comme un animal féroce par des paroles dérangeantes, à une personne qui aujourd’hui utilise l’énergie de cette colère encore des fois présente, pour de la création et bientôt de la transmission.
Tout ceci grâce à toi AMALURRA ! Milesker.
« Oui, Chère Nature, tu m’as sauvé, alors aujourd’hui, je te dois bien cela. Je vais consacrer le reste de ma vie à te protéger et apprendre à vivre avec toi et auprès de toi ».
Sachez Madame et Monsieur le juge que je suis sur un projet pour transmettre tout ce que j’ai apprise d’elle. Je veux transmettre ma passion de l’agroforesterie, de la cuisine saine et de la vie en sobriété, en créant une association à but non lucratif (il s’appellera ZOZA et non XOXA).
Plutôt que de créer un entreprise, je préfère opter pour ce statut. Pourquoi ? Parce que durant ma métamorphose je me suis coupé du monde. Je me suis écarté de cette société de consommation que je ne supportais plus. C’est sûrement à cause d’elle que j’ai fait ce burn-out en 2002 d’ailleurs. Alors, j’ai essayé de vivre sans argent ou du moins de faire pleins de choses sans elles mais par le troc et le partage. J’ai en partie réussi, mais ce n’est pas évident, je l’avoue maintenant. Donc, je ne veux pas que mon projet ait pour but de gagner de l’argent, mais je sais par expérience que l’argent peut être une énergie pour ZOZA.
Voilà Madame la Juge, Monsieur le Juge. Je crois que j’en ai assez dit. J’espère que vous considérerait mon histoire avec bienveillance et que les dommages et intérêts seront à la hauteur du poids de tous ces documents que j’ai dû regrouper pour me retrouver devant vous et me justifier.
Sachez que cela n’a pas était évident. Le premier jour où j’ai enfin eu le nom de mon troisième avocat qui a bien voulu enfin me défendre (merci pour votre franchise Sophie), il m’aura fallu alors que je réunisse :
- Toutes les ordonnances et les rapports médicaux de mes 17 années de psychiatrie. Cela a pris trois mois avec des lettres en recommandé à envoyer et des photocopies payantes à faire dans les différents établissements de santé dans lesquels je m’égarais.
- Tous ces témoignages en manuscrits avec photocopie de leurs cartes d’identité de ces personnes bienveillantes qui m’ont cru depuis le début pour certains, et persévérer à affronter ma colère pour d’autres. A vous toutes et tous merci d’avoir raconté mon histoire par votre version.
- Tous ces témoignages plus techniques enfin, de ces (je les appellerai) comme des « faiseuses et faiseurs » de santé. Merci à vous naturopathes, praticiennes de Shiatsu ou d’EMDR, qui par une pratique plus holistique m’avez aidé à me retrouver en santé.
Que d’énergie, de combat et de temps d’attentes ainsi que de lettres à rédiger. Il en fait du poids mon dossier en fin de compte. Mais est-ce que cela en valait vraiment la peine tout ce temps et cette énergie pour me retrouver aujourd’hui devant vous ?
Vous allais prendre une décision très délicate qui aura des répercussions dans ma vie future pour que je retrouve une situation plus stable et que je mène un projet qui me tiens à coeur.
Personnellement, cela me fait peur.
Alors je préfère jeter cette lettre que j’ai écrite cet après midi (nous sommes lundi 19 juillet 2022, et j’écris depuis la bibliothèque de Capbreton car j’ai cassé mon ordinateur récemment).
Je vais la jeter à la mer dans une bouteille de manière symbolique. Je sais c’est de la pollution mais j’espère qu’elle ne se cassera pas et que quelqu’un la ramassera pour la jeter au tri du verre après avoir récupéré mes écrits.
Je vais aussi la jeter dans ma liste de contact de ma boîte mail.
Je vais enfin la jeter dans ce réseau social que j’utilise encore mais sans m’en rendre addict.
Je préfère que ce soit celles et ceux qui me liront ici et jusqu’au bout, qui soient juge de cette erreur de diagnostic que j’ai subi.
Je vous laisse mon RIB (Banque internet N26 : IBAN: DE45 1001 1001 2627 7107 68, BIC: NTSBDEB1XXX) si vous voulais m’aider de cette manière.
Je vous laisse surtout mon mail mikelbera@ni.eus, si vous voulais m’aider d’une autre manière ou échanger tout simplement avec moi sur mon expérience qui pourrait aider à retrouver votre chemin.
Sinon, Santé à vous ! Car je vous le dis, KAXU ! Elle est courte mais si belle cette vie. Alors protégeons là par une bonne santé, en protégeant celle qui nous fait vivre, cette planète Terre. Ceci, pour que d’autres aient la possibilité d’y vivre comme nous plus tard.
En basque, on dirait Zaindu Osasuna, Zainduz Amalurra !
MILESKER
Mikel Berasaluze Faivre
Capbreton, 2022ko Uztailaren 19a.