Préparation de : Des mine(rai)s qui ne font pas le(ur) poids

Bonjour @thx-2022

@Finkelstein Alexandre Mulongo nous a fait suivre un texte magnifique sur le sujet de la révolte des mines je le poste ici bas en son nom ainsi tout le monde peut le lire et le commenter.

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DES MINE(RAI)S QUI NE FONT PAS LE(UR) POIDS
Un vieux camion chargé de sacs quitte le bitume pour une route en terre compactée. Son balancement secoue les hommes accrochés à la ridelle tout en haut de la cargaison. Le tuyau d’échappement expulse une fumée noire sur son passage. Les vendeurs massés le long de la route se pressent à couvrir leur nez et leurs yeux. Une fine poussière couvre les marchandises étalées à même le sol sur des sacs en toile.
Aucun panneau n’indique des informations sur le lieu. Tout le monde sait que c’est Musompo, une cité née de l’envie de sortir le négoce de l’activité minière artisanale du centre-ville de Kolwezi. Les avenues sont bordées des enclos et les murs de clôture portent l’inscription CoCu. Est-ce une adresse ? Un nom d’avenue, de quartier ou de rue ? Un marquage spécial ou l’identification de la situation amoureuse de l’occupant ? Rien de ce que peut imaginer un visiteur non averti. Co et Cu sont les symboles chimiques du Cobalt et du Cuivre, les métaux dont les minerais sont achetés par les comptoirs à l’intérieur des enclos.
Des sacs de minerais jonchent le sol du comptoir de monsieur Lee assis derrière un bureau d’où il surveille tous les mouvements. Sa tête est couverte d’un large chapeau de paille contre l’insolation tropicale. Il est arrivé en République Démocratique du Congo lors du contrat chinois : quatorze milliards de dollars américains de travaux d’infrastructure contre l’exploitation des minerais. Ce gigantesque troc à l’échelle nationale n’a jamais livré tous ses secrets d’Etat. Une année de service dans une entreprise des travaux publics chinoise lui avait permis de mesurer les opportunités d’affaires en terre congolaise. Il se lance dans l’achat des minerais qu’il revend aux fonderies de ses compatriotes.
Ce matin, c’est Bwanga et sa bande de creuseurs qui viennent vendre leurs minerais à monsieur Lee le boss. A la dernière livraison, il leur avait promis de revoir le prix à la hausse si la prochaine livraison dépassait le seuil d’un certain tonnage. Ils sont fiers de lui annoncer que le défi est relevé. Les équipes se hâtent à prélever les échantillons pour analyses secrètes dans son laboratoire mystérieux. Après un court moment d’attente, la magie de la chimie révèle les résultats apportés par un chinois. A première vue, l’homme n’a de chimiste que sa tenue de travail. Un bref regard jeté sur la feuille de papier suffit à monsieur Lee pour pianoter sur sa calculette avec une dextérité qui ferait pâlir de jalousie tous les pianistes du monde. Le temps pour Bwanga et sa bande de déchiffrer le document imprimé en des caractères mixtes (alphabet latine et sinogrammes), monsieur Lee décadenasse sa grande malle métallique.
Il compte une somme par liasses et briques constituées de grosses coupures de franc congolais, c’est plié ! Le boss ordonne le déchargement du camion qui transporte la marchandise de Bwanga et sa bande. Cette fois-ci, les sacs de minerais sont transportés à dos d’hommes, leurs cris d’encouragement semblent compenser l’énergie perdue par l’effort au travail mal rémunéré.
Naomie avance vers le comptoir de monsieur Lee, elle demande à parler au responsable après une présentation carte de visite à l’appui. Le gardien ne lui accorde pas son attention, elle lui paraît transparente. Cette jeune bloggeuse et activiste européenne des droits au commerce équitable espère trouver un contact sur le petit panneau accroché au mur, elle n’y voit que des prix correspondant aux teneurs en cuivre et cobalt des minerais. Son instance est infructueuse. Tout semble inaccessible, le gardien finit par prévenir monsieur Lee de cette présence indésirable. Par l’entrebâillement de la barrière, le boss aperçoit la jeune femme. Il passe un coup de fil en langue swahilie « petit chinois » apprise sur le tas : « bwana, mwanamuke muzungu uji yangu kaji».
Le passage de cinq voitures sur le bitume plus tard, un agent du service des migrations et celui de la police nationale traversent la route, ce dernier porte une kalachnikov en bandoulière. Ils demandent à Naomie de les suivre. Elle entre dans un tout petit bureau à peine plus grand que le cabinet de toilette d’un avion. L’agent du service des migrations lui demande ses papiers qu’elle fournit sans hésitation. Il les pose après une brève lecture et entrelace les doigts de ses mains, les coudes appuyés sur une table bancale en bois. Il brise le silence au bout d’une minute d’observation :
• Madame, ce que vous faites dans ce pays, nous ne pourrons jamais le faire chez vous. La violation d’un site stratégique national peut vous couter une expulsion et une annulation de votre visa. Vous êtes trop jeune, vous avez l’âge de ma fille cadette. Pourquoi vous les blancs vous cherchez toujours à déstabiliser l’Afrique ? Au lieu d’apporter le développement, vous chercher toujours à nuire aux africains.
Ayant l’habitude de cet exercice dans ses aventures solitaires, sans se montrer désobligeante, Naomie essaie de reprendre la parole avec adresse en rendant à l’agent le respect qui lui est dû :
• Papa, je travaille pour les droits au commerce équitable dans l’exploitation des ressources naturelles. Je mène une petite enquête sur la distribution des revenus dans la chaîne de valeur de l’exploitation artisanale des minerais.
• Madame, arrêtez d’humilier l’Afrique. Vous êtes trop jeune, laissez la politique aux politiciens. Je vous conseille de vous concentrer sur d’autres sujets, dit d’un ton bienveillant l’agent du service des migrations.
Dans le comptoir de monsieur Lee, Bwanga et sa bande sont perdus depuis un moment. Ils discutent dans un coin, la concertation semble interminable. Finalement ils tranchent, les voilà de retour devant le bureau du boss. Bwanga cite le montant de la somme reçue et rappelle que la promesse n’a pas été tenue malgré le dépassement du seuil. Monsieur Lee reprend le papier du résultat des analyses en pointant son index sur le titrage en teneur de cuivre et cobalt qui est inférieur à ses attentes pour pouvoir accorder la faveur promise.
Bwanga et sa bande grommèlent. Ils jurent de ne plus revenir au comptoir de monsieur Lee qui, du reste, s’occupe du rangement de son nouveau stock à l’autre bout de l’enclos. Le boss caresse son chat tigré avec l’auriculaire de sa main droite sur lequel brille une chevalière en or de quelques carats. En plus de son large chapeau de paille, il porte des lunettes de soleil. Ce soir, il mangera un appétissant canard laqué accompagné du riz cantonais pour célébrer le nouvel an chinois et sa réussite en cette année du Tigre.
Le déchargement fini, le camion sort de l’enclos. Bwanga et sa bande sont assis autour du grand sac en plastique qui contient l’argent de la vente de leurs minerais. Ils sont tous silencieux. Le camion quitte la route en terre pour le bitume, son balancement les secoue à gauche puis à droite. Du coup, ils se mettent à s’esclaffer. Ils se promettent d’être durs en affaire la prochaine fois.
L’agent du service des migrations relâche Naomie après ses conseils de parent. Elle enfourche la moto-taxi qui l’attendait devant le poste. Elle demande au conducteur de rattraper le camion.
Une fois à Kolwezi, Bwanga et sa bande s’installent dans la gargote Chez Maman Sylvie où ils ont leurs habitudes. Ils commandent des bières fraiches. Tous les regards convergent vers le milieu de la table où repose le sac en plastique qui contient l’argent. La jeune serveuse tarde à revenir sur la table, chacun décapsule sa bouteille avec les dents. Au bout de trois gorgées bues au goulot, Bwanga commence la répartition de la récompense aux efforts fournis à arracher du sous-sol les minerais qui feront tourner l’économie mondiale. Pour certains, une semaine suffira pour dépenser le revenu en alcool, vêtements, femmes et achat du dernier téléphone portable qui finira comme garantie d’un prêt de loin inférieur à sa valeur marchande. Pour d’autres, ce sont des familles qui trouveront un moyen de survie.
Une blanche franchit le seuil de la porte d’entrée de la gargote, c’est une premier pour Maman Sylvie et ses clients. Naomie se pose sur un siège en plastique et commande à son tour une bière brune. Les garçons s’imaginent que c’est une de ces employées des entreprises minières en manque de sensation forte. L’un d’eux se permet de lui décocher une œillade à laquelle elle répond par un sourire subtilement provocateur. Sympathiser avec cette nymphe pourrait ouvrir les portes de l’emploi ou l’immigration facile, pensent certains membres de la tablée. En chef de bande, Bwanga rappelle ses amis à l’ordre. Il engage une conversation en lien avec la menace qui pèse sur leur Zone d’Exploitation Artisanale. Une vive discussion anime le petit groupe.
Naomie parle discrètement avec la serveuse. Elle ramène des bouteilles de bière sur la table des garçons qui ne se souviennent pas de cette commande. L’offre vient de la blanche au sourire ravageur, dit-elle avec ironie. Comment la remercier puisque son siège est vide ? De retour des toilettes, Naomie entre en scène telle une diva d’une série télévisée brésilienne. Elle attire les regards et récolte les « mercis » des garçons. Elle avance avec sa bouteille en main et trinque successivement par un mouvement fluide qui pourrait inspirer la vidéo publicitaire d’une boisson alcoolique destinée aux femmes courageuses. Elle s’introduit et trouve une place parmi les garçons. Le sourire timide aux lèvres des creuseurs trahit leur limite à engager une conversation en français, langue officielle de l’éducation nationale. Bwanga s’impose comme l’unique interlocuteur et interprète.
Naomie joue les journalistes en interview, elle découvre le travail dur et harassant des creuseurs, les dangers du creusage souterrain éclairé à la bougie avec une baisse de l’oxygénation et la ruse des acheteurs qui truquent les balances et falsifient le résultat des analyses.
La multiplication naturelle des minerais dans le sous-sol est une idée reçue qui console les creuseurs. Bwanga s’improvise géologue et leur apprend que la transformation géologique est un phénomène qui prend des millions d’années. En apprentie économiste, Naomie leur explique que les minerais revendus par les comptoirs rapportent beaucoup d’argent. Avec elle, ils apprennent également que la hausse du prix du cobalt due à la fabrication des batteries des voitures électriques pourrait baisser une fois l’usage du graphène garanti.
L’alcool finit par avoir raison de la bande de creuseurs. La mystérieuse blanche reste une idée dans la mémoire de chacun. A-t-elle vraiment existé ? Est-ce un esprit envoyé des ancêtres venu parler à leurs descendants ? Du moins, la vie de creuseur suit son cours dans les mines artisanales de la ville. Dans les galeries souterraines ; ils creusent, fouillent, bêchent ; sans laissez nulle place où la main ne passe et repasse. On croirait voir travailler les enfants du laboureur dans la fable de Jean de La Fontaine. Ils prennent de la peine et récoltent même le trésor caché.
Un matin, outils en main, les creuseurs trouvent leur Zone d’Exploitation Artisanale occupée par des engins de terrassement en plein chantier. La police anti-émeute est prête à intervenir au signal du commandant des opérations. Personne ne leur apporter des explications. Trois grosses cylindrées 4x4 entrent dans le décor, monsieur Lee y descend en compagnie des européens tirés à quatre épingles. Le Chinois déplie une carte géologique et explique aux investisseurs européens la richesse de l’étendue de terre qu’il met à la disposition de leur partenariat. Tous les creuseurs regardent en spectateurs ces gens qui occupent leur espace de travail. Les autorités locales et le syndicat des creuseurs sont taiseux sur cette question qui va conduire au chômage des milliers de creuseurs et rendra plus pauvre des familles entières.
Déjà cinq jours qu’ils n’accèdent pas à leur Zone d’Exploitation Artisanale. Des sit-in, des marches, des démarches administratives, des pétitions et des reportages télé ne leur permettent pas de rentrer dans leurs droits. En petit comité, Bwanga et sa bande vont voir monsieur Lee qui les accueille dans son comptoir. Il leur promet un travail d’ouvrier dans la prochaine usine une fois la construction terminée. Ils montrent leur désintérêt et demande à reprendre leur espace donné légalement par l’Etat.
Avec le soutien des creuseurs d’autres Zones d’Exploitation Artisanale, Bwanga et sa bande envahissent leur espace de travail spolié par monsieur Lee et ses complices. La police déploie les grands moyens. Du gaz lacrymogène ne disperse pas les manifestants et les tirs de sommation les encourage plutôt à avancer vers les policiers. La presse est interdite d’approcher le théâtre des affrontements. Sur une moto-taxi, Naomie réussit à se faufiler par un sentier à travers une petite brousse. Avec son téléphone, elle lance un direct sur les réseaux sociaux. Les forces de police croulent sous un « kingulu ya mabwe », un véritable déluge de pierres lancées par une horde de creuseurs.
Des coups de feu retentissent à nouveau, l’ordre est donné de tirer sur les hommes. Chacun essaie de se mettre hors d’atteinte mais il est trop tard pour Bwanga et quelques manifestants qui tombent sur le champ.
Pendant ce temps, monsieur Lee boit du whisky avec les investisseurs européens, ils savent que c’est un petit vent qui va bientôt passer. Les corrompus promettront de relocaliser ces Damnés de la terre, monsieur Lee et ses associés exploiteront les riches gisements de Cobalt longtemps cédés à des minables creuseurs qui ne font pas le poids face à la force des industriels.
Au bout de vingt minutes de direct, Naomie est prise par un policier qui la met entre les banquettes de la camionnette menottes au poignet. Elle se débat et fait valoir ses droits en demandant une assistance consulaire. Arrivés au commissariat, l’inspecteur arrache son téléphone avant de l’accuser d’espionnage pour le compte d’une puissance étrangère. C’est le début d’une affaire diplomatique et médiatique.
Bwanga s’en sort miraculeusement bien, son pronostic vital n’est pas engagé, il a subi une intervention chirurgicale de plusieurs heures pour extirper la balle logée dans son abdomen. De l’avis de son médecin traitant, il n’exercera plus son métier de creuseur artisanal des minerais avant plusieurs années. Il vit de la solidarité de ses compagnons d’infortune et de la vente des chaussures usagées dans un marché.
Les autorités locales mettent en place une commission qui va diligenter une enquête sur les incidents. Elle a pour mission d’établir les responsabilités. Dans le secret, le rapport est déjà écrit, le scénario est connu d’avance. A chaque acteur de jouer son rôle jusqu’au clap de fin.
Monsieur Lee et ses associés sont encensés par les médias locaux et les autorités. Il a acheté la diffusion d’un reportage en leur honneur dans toutes les éditions du journal des chaînes de télévision. C’est le grand jour, une usine neuve est sortie de terre à peine quelques mois après le début des travaux. Les discours sont louangeurs, tout le monde vante la création des emplois et les retombées en termes d’impôts. Le plan d’une fraude fiscale et d’un dumping social est déjà bien ficelé dans les coulisses. Le ruban symbolique coupé, monsieur Lee renverse à terre le contenu d’une coupe de champagne dans un rituel de libation pour respecter la tradition.
Abreuver de champagne les ancêtres dont les descendants ont soif de justice est une injure qui laisse perler une larme de douleur sur les yeux de Bwanga qui suit, impuissant, le direct de la cérémonie. Il a été promis à Bwanga qu’il n’aura que ses yeux pour pleurer, la malédiction des ressources naturelles semble les poursuivre de génération en génération.
Les affaires marchent pour monsieur Lee et ses associés, la machine tourne à plein régime une année après leur victoire sur les creuseurs.
Bwanga, fils d’un ancien mineur de l’industrie minière d’Etat en déliquescence, semble resigné. Celui qui a grandi dans un camp de travailleurs repense souvent à son enfance heureuse parmi les nombreuses familles ouvrières. Adulte, il vit le paradoxe d’Anderson, son père formé sur le tas au travail d’ouvrier dans la mine avait une meilleure existence que la sienne. Pourtant, il a un niveau d’études supérieur à celle de son défunt géniteur. Il s’imagine un avenir sombre pour ses quatre enfants, serait-il en train d’élever des futurs sous-fifres d’un système illégal, inégal et égoïste ?
Un jour de marché, couché sur son étal, il se refuse de baisser les bras et se promet de se battre pour un meilleur avenir de ses enfants. Il tient des réunions clandestines et devient la figure incontestable de la lutte des creuseurs. Son nom commence à circuler dans la ville. Sa voix compte et les politiques corrompus essaient de l’acheter pour en faire un allié efficace lors des prochaines élections. Il ne mord pas à la tentation, il joue son va-tout.
Leurs épouses qui ramenaient des repas à la Zone d’Exploitation Artisanale ne veulent plus jouer les seconds rôles. Elles décident de prendre les devants. Les gardes de l’usine voient venir une marée humaine constituée des femmes qui chantent leur hostilité à monsieur Lee et ses associés. Elles frappent leurs pagnes au sol pour maudire les activités des spoliateurs. Les creuseurs apprennent l’initiative de leurs femmes. Peu de temps après, ils les rejoignent à l’usine où les ouvriers expatriés en grand nombre courent dans tous les sens pour échapper à la furie des manifestants. Dans son bureau, monsieur Lee tente de joindre la police et demande une intervention rapide. L’usine est déjà assiégée et le boss est pris en otage. Ils réclament un procès équitable et une réparation.
L’affaire fait grand bruit, les autorités locales se sentent obligées de jeter du lest sous peine d’exposer leur corruption. Monsieur Lee et ses associés sont isolés. Un procès s’ouvre et après plusieurs mois, le jugement tombe : tous les creuseurs deviennent actionnaires dans l’industrie en plus d’avoir un emploi en Contrat à Durée Déterminée. La justice condamne monsieur Lee et ses associées à des dommages et intérêts.

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personnage chinois très stéréotypé… (trop, même?)

sinon, j’aime plutôt bien ce texte mais y’a pas vraiment d’aspect spéculatif. (et puis, le status-quo est maintenu)

petite suggestion pour la fin de la phrase: “sur les yeux de Bwanga qui suit en direct la cérémonie, impuissant.” ou “sur les yeux de Bwanga qui, impuissant, suit en direct la cérémonie.”

Je viens de remettre à jour le texte, j’avais fait une erreur et mis en ligne le mauvais texte, mes excuses
Celui ci est beaucoup plus développé.

Je ne crois pas que ce soit un problème, il y a un système d’exploitation assez violent mis en place spécifiquement par les chinois sur le Cobalt, ils ont une attitude coloniale sans respect, ne font aucun effort pour comprendre le pays ou les personnes qu’ils exploitent. Du coup je ne pense pas que que ce soit aux journalistes Congolais de faire l’effort de faire un portrait fin des chinois mais bien l’inverse.

J’allais prévenir @Finkelstein que malheureusement il y avait un risque que les occidentaux réagissent de la sorte et bloquent sur la caractérisation des chinois ne se concentrant pas sur le sujet du texte.

Voici un article que @Finkelstein vient de me faire suivre:

Merci beaucoup pour ce récit inspirant !

J’ai lu la première version que @natacha m’avait fait suivre, et évidemment je trouvais la fin triste. Cependant il m’avait inspiré une autre fin que j’aimerais partager malgré la nouvelle version, sur laquelle je reviendrai.

Je me disais que l’on pourrait apporter un élément technique qui pourrait confondre monsieur Lee : l’un des aspects qui est bien décrit c’est l’asymétrie de pouvoir qui est due à la pesée des minerais. Lorsque le minerai est passé sur la balance de monsieur Lee, c’est lui qui est en mesure de décider la teneur en cobalt qui fixe le prix. Aussi, je me disais que la chaîne de TV locale, RTMA, pourrait faire une investigation qui mettrait en scène une machine similaire à celle utilisée par monsieur Lee. Les creuseurs de Bwanga pourraient analyser leur propre minerai avec cette machine, et donc démontrer la fraude de monsieur Lee. Le fait que cela soit mis sur bande vidéo servirait à alimenter le scandale de la fraude et donc entraîner la chute de monsieur Lee : même si son entreprise ne serait pas écartée, son poste sauterait, et la corruption démontrée empêcherait la poursuite du projet d’accaparement des ressources.

Il y a aussi cette histoire de meurtre du mineur par le policier que tu as fait passer par la suite. J’imagine que tu aimerais l’intégrer dans l’histoire. L’utilisation de la police pour maintenir les creuseurs artisanaux sous le joug de l’entreprise chinoise montre bien le niveau de corruption qui règne sur Kolwezi. En articulant le « piège de la pesée » avec ce meurtre, on peut alimenter la révolte des femmes – cet épisode ajouté dans la seconde version me semble pertinent et il faudrait l’approfondir.

Quant à la fin proposée dans la seconde version, je la trouve un peu trop rapide : on passe peu de temps sur l’organisation de la lutte. Aussi le stratagème de la balance peut être utile pour mettre tout cet aspect en valeur.

Je rejoins @natacha sur le rôle de Noémie qui me semble à la fois trop éloigné de la réalité locale et aussi qui mythifie le rôle le sauveur de l’étranger. Je préférerais largement qu’elle reste un simple témoin de l’histoire. Il me semble que @natacha peut faire jouer cet aspect tandis que @Finkelstein se concentre sur les détails qui rendent le récit tellement vivant (les rituels des manifestants, les modes d’organisation locale, le travail médiatique de résistance…)

La perspective que j’essaie d’apporter est que si la situation des creuseurs semble désespérée, une légère intervention de l’ordre de ce que je viens de décrire peut faire bouger les lignes et éventuellement inspirer les creuseurs et les militants locaux dans d’autres approches de la lutte, sur un terrain où ils ne sont pas attendus. J’espère que ces réflexions peuvent alimenter le ciselage d’un récit qui me paraît fort bien agencé par ailleurs. J’ai hâte de lire vos commentaires…

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On rentre très facilement dans ce texte, je suis téléporté directement au Congo.
La deuxième partie est un peu rapide et expéditive par contre.
Pour le cliché chinois, j’aimerais bien entendre @lula , car par son voyage en chine, elle semblait assez au point sur la sinophobie.

c’est assez complexe de statuer si un texte est spéculatif ou pas, de déterminer son degrés spéculatif. peut être se référer à “utopie radical” avec cette historie de probable et de possible. Et est-ce vraiment un status-quo si les creuseurs deviennent actionnaires? c’est évidemment un status-quo au niveau du système capitaliste, mais là nous allons rentré dans un question fort délicate, celle du rêve de richesse et de capitalisme des personnes qui n’y ont pas accès. Question délicate, mais qui peut être à intégrer dans le récit.

jsuis ptet un peu con mais je comprends pas (c’est pour sortir du negoce? de l’activité minière artisanal? du centre ville? ou des trois à la fois?

D’accord avec natacha et hellekin sur le rôle de noémie.
Désolé mais retour ne sont pas super stimulants ^^

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Je suis d’accord avec @jean-baptiste et j’ajouterais, il me semble qu’il existe une réponse à cette question, les demandes répétés des creuseurs lors par exemple des nombreuses manifestations et révoltes, sont d’avoir un contrôle sur leur activité tant au niveau des territoires que de la revente.

Il n’est pas de la responsabilité des creuseurs de mettre fin à l’activité minière, pour cela nous devons plutôt nous adresser aux entreprises qui consomment ces minerais et les transforment en profits indus.

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Où en sommes-nous de ce texte ?

J’ai reçu la dernière version du texte de @Finkelstein par e-mail aujourd’hui, le voici :slight_smile:
Musompo 1-1.pdf (69.2 KB)

Il précise: “J’ai retravaillé sur le rôle de Naomie et la fin de l’histoire en ajoutant d’autres personnages.
La fin a un autre aspect avec l’intervention du pouvoir traditionnel.”

Bien hate de le lire ça a l’air super.

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Cela fait 4300 mots. Parmi les textes les plus longs du recueil. J’ai hâte de le lire. Je vais le coller ici…