Récit 3 Aucun retour possible

Rituels

  • les femmes enceintes lors d’une festivité choisissent quatre personnes pour « être père » de l’enfant. L’auriculaire tient le rôle de l’écoute, elle reçoit les confidences. Etc. Ces personnes formeront le cercle intime de l’enfant. Le pouce est la mère. On danse beaucoup et on rit de bon coeur dans ces rituels d’alliance collective. Parfois le père ne fait pas partie de ce cercle : qu’il soit absent, inconnu ou mort, rejeté ou en rejet. Le père est collectif et inclus la mère. Le patriarcat se dissout dans l’exemple.

  • Le passage des rivières : le village est limité par deux rivières au nord, traversées par deux routes distinctes. La première à l’est traverse un torrent au passage d’un gué, contourne la pointe de la montagne puis longe l’autre rivière vers l’amont sans la traverser avant des jours de marche ; pour la seconde, au lieu de remonter la rive ouest, on la traverse, également à gué. Autant dire qu’au printemps à la fonte des neiges le village est relativement isolé. À l’ouest on va chercher des plantes, des champignons, du bois, des fruits dans la forêt… Et on s’enfonce dans une chaîne de montagnes. À l’est on va chercher les pierres et nager au lac en contrebas. Une petite ville existe bien plus bas dans la vallée, on s’y rend parfois pour le marché. Le passage de l’ouest est ritualisé pour « le passage à l’âge adulte » car c’est la limite qui leur est imposée jusqu`à ce qu’ils puissent être autonomes dans la montagne. Évidemment les garnements ne se gènent pas pour traverser la rivière et parfois même atteindre un sommet. Mais cela reste dangereux, et symbolise la capacité de l’enfant à participer aux travaux réguliers de la communauté.

  • Les repas sont souvent pris en commun dans l’Arche, cette maison circulaire au sud du village, avant le quartier troglodyte. Tout le monde participe aux repas à tour de rôle : rares sont celleux qui ne savent pas cuisiner. Toute la nourriture est locale, produite sur place par les habitant·e·s, et c’est délicieux. Les repas sont bien sûr un moment pour évoquer les affaires courantes et recruter des compagn·on·e·s d’activité le besoin échéant. Les équipes se forment et se déforment au gré des besoins et des discussions qui ressemblent plus à des invitations qu’à des débats : on décrit la structure du problème et les opérations pour y remédier, ainsi chacun·e peut décider en connaissance de cause de son engagement. Par exemple, on n’a pas pu finir la récolte sur le champ du mûrier, nous avons besoin de 3 personnes supplémentaires pour terminer avant la pluie. 5 personnes se proposent. L’équipe part terminer la moisson du champ et aux premières gouttes se dirige de nouveau vers l’Arche pour prendre des nouvelles, se rafraichir et écouter de la musique.

  • Lorsque quelqu’un arrive, on demande à un·e volontaire d’accompagner l’arrivant·e pendant quelques jours pour faciliter son intégration. Les deux personnes ne sont pas nécessairement ensemble en permanence, mais l’accompagnat·eur·rice sert de pont entre les questions et besoins de læ nouve·au·lle et la communauté, lui fait visiter les lieux et rencontrer d’autres personnes. Au troisième jour on demande à la personne d’exposer en Assemblée les raisons de sa venue et la nature de son intention. Alors on discute pour évaluer la demande. Dans certains cas, l’arrivant·e doit attendre les délibérations mais le plus souvent iel participe directement aux débats.

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