Récit 10 - Une promenade de santé

Ceci est un brouillon, les passages entre crochets sont des options ou des parties à développer selon le mode « livre dont vous êtes le héros »… Il s’agit encore d’un brouillon

Deux mois. Ça fait deux mois aujourd’hui. Soixante et un jours, mille quatre cent quarante heures que je suis enfermée dans cette chambre. Dès le premier jour, c’était déjà trop.
Je deviens folle. Le monde disparaît autour de moi. La télé a failli m’avaler. Alors, j’ai fini par jeter le petit câble d’alimentation par la fenêtre. Si j’avais pu y jeter la télé, qu’elle s’explose tout en bas, [ç’en aurait fait un vrai spectacle, enfin ;] mais la fenêtre ne peut que s’entrebailler, qu’on ne puisse pas sauter. Même ma mort ne m’appartient plus, alors ma vie… mon Dieu. [Et ce bracelet électronique, en récompense de ma dernière tentative d’évasion, « bracelet d’autonomie » qu’ils appellent ça. Non mais ça va pas la tête ? J’espère qu’ils sont pas tous aussi cintrés dehors. Il va falloir que je trouve le moyen de m’en libérer. J’en peux plus de sentir tout le poids de ce système de contrôle en permanence sur mon corps. ] Bon, il y a bien les trois quatre visites quotidiennes pour les repas et l’hygiène mais ces amis-là agissent comme des machines en surchauffe. Il n’ont jamais le temps de discuter et ne comprennent plus, de toute façon, ce que je leur dis. [Je suis quoi pour eux ? une vieille carne en chambre froide?]
Pourquoi ne veulent-ils pas me permettre une promenade, juste une petite ? J’étouffe. Je n’ai plus de raison de vivre. [On est dans un élevage hors-sol ici ou quoi ?] Le COVID qu’il paraît. Le COVID, c’est pire que la guerre. Je me souviens qu’en 40, entre femmes et enfants, vieillards et invalides, la guerre au-moins n’empêchait pas la vie, bien au contraire. Certes, on bossait dur pour l’effort de guerre qu’ils disaient, pendant que nos pauvres hommes s’entretuaient au front. Mais l’ambiance était paradoxalement si douce dans les maisonnées. Les animaux, les jeux d’enfants, rien ne nous empêchait de prendre l’air et de nous baigner nus dans la rivière. On se racontait nos rêves sur les soleils couchants d’automne, à la lisière pourpre des forêts.
Mais je suis fatiguée de vivre de souvenirs jaunis par le temps. Ça n’est plus une vie… Marcel, il avait bien raison le Marcel, il avait inversé les lettres collées à l’entrée de l’EHPAD, ça donnait PHADE. Pendant les remontrances de la direction, on s’était bien marrés au-moins. Il avait eu son dernier quart d’heure de gloire. Marcel est mort hier. Marcel, quoi… J’ai même pas pu lui dire au revoir, alors qu’il dormait au bout du couloir, les salauds. Ni moi, ni personne d’ailleurs, paraît que les familles aussi sont privées d’obsèques. Je ne pensais pas pouvoir ressentir encore ça à mon âge, mais ça me met en fureur tout ça. C’est décidé, j’me tire, j’me casse. Dehors, ça pourra pas être pire. Je me sens bien mieux, tiens, rien que d’y penser. Faut que je réfléchisse bien à mon coup. [C’est ma lumière au fond du couloir, la sortie de secours.]
[Si seulement je pouvais simplement m’en aller respirer la liberté, mais il y a tout ce système de surveillance.]
[Vous faites un pas dehors, un premier geste transgressif, avancez un peu dans le couloir, vous sentez émue, puis entendez des bruits de pas et prenez peur. Vous retournez alors dans votre chambre sans être vue. Votre décision est prise : vous fuguerez. Comment ?]
a) Peut-être devrais-je commencer par obtenir le planning du personnel
Ma chambre est au troisième étage. La salle du personnel où se trouve le planning, est au premier. Je dois trouver le moyen de m’y introduire sans être vue pour prendre des photos avec mon smartphone.
b) Ou bien tenter un passage au culot : la vie n’attend pas, j’improviserai.
Première tentative, la sortie de secours, dévaler les escaliers, sortir du couloir comme si de rien n’était. Ce putain de gardien. Bien gentil mais bon, retour à la case départ.


Faut pas pousser mémé !
Salut ! c’est mamie Tromblon ! Bam !
Mille quatre cent boules par mois que j’leur rapporte à ces vicelards. Plus que ma retraite de … : je gagnais pas la moitié.
Le bracelet d’autonomie


Mais qu’est-ce qui m’empêche de partir ? Et une fois dehors, où aller ? Elle pensa à sa vieille amie XXX. Le téléphone sonna. C’était elle ! « Allo ma chérie ! Comment ça va ? » Son amie, veuve depuis quelques mois, découvrit choquée, sa situation d’enfermement abusif. Elle rebondit sur le fait qu’elle avait entendu parler des baba yagas, un collectif autogéré de retraitées et qu’elle envisageait justement de lui proposer de venir habiter avec elle sur ce principe, maintenant qu’elle se sentait bien seule dans sa grande maison. Elle s’était renseignée sur la situation des personnes souhaitant quitter les EHPADs. Elle pensait que cela serait tout-à-fait possible dans son cas. Régine fut emballée par cette perspective. Définitivement, il lui fallait lancer cette démarche. Elle en parla lors de la livraison du repas du soir, mais le personnel lui dit qu’il ne pensait pas que cela fut pour l’instant possible en raison de l’épidémie. Elle demanda alors d’en parler au directeur, mais celui-ci serait indisponible. Elle est en colère car il s’agit de son droit fondamental, elle décide alors d’aller à sa rencontre, bien qu’assignée à sa chambre.

Elle descend le couloir, remontée comme une horloge, jusqu’à l’accueil. Elle entend quelqu’un au téléphone… Elle ne peut accéder au bureau du directeur sans se faire repérer au risque d’être raccompagnée à sa chambre. Elle n’a plus le choix. Elle s’avance et, prenant les devants, elle annonce à la standardiste qu’elle a obtenu un rendez-vous avec le directeur tout en passant l’accueil d’un pas déterminée. La standardiste est prise au dépourvu par la présence d’une pensionnaire au rez-de-chaussée. Son stratagème échoue et elle se retrouve dans sa chambre.


Régine s’était fabriquées des haltères avec des bouteilles d’eau attachées par une serviette. Elle passait des heures à s’étirer en respirant en harmonie avec ses mouvements. Elle découvrait des muscles, des tendons insoupçonnés. Elle essayait toutes sortes de nouveaux mouvements, à l’écoute de son corps, elle repoussait souvent les limites de sa fatigue [par sa détermination.] Une fois passées méchantes courbatures du premier décrassage, ses progrès furent d’abord rapides, le temps de se remettre en forme. Puis, elle atteint le seuil de ses limites, qu’elles ne repoussaient plus que lentement. Son corps se forgeait dans sa détermination à la liberté.


Les semaines passant, le directeur tarde à se rendre disponible. À force de questionner le personnel, sa persévérance a porté ses fruits et le directeur vient la visiter. Enfin, il vient toquer et s’annoncer impérieusement à sa porte. Surprise, elle ne peut plus reculer. Elle ouvre la porte déterminée à en finir avec cet établissement. Elle engage la conversation. « Bonjour monsieur le directeur, je voudrais rompre mon contrat avec votre établissement… » La conversation tourne court, elle finit par lui mordre le bras, il se retire avec son dentier dans le bras. Elle est furieuse et bien décidée à présent à s’échapper.


(Elle n’était plus que dans la dernière ligne droite, Régine règnera de nouveau sur sa vie !)

Régine sentait comme une urgence aigüe qui l’appelait, un sentiment vaste et profond, un besoin élémentaire qui surgissait violemment en elle maintenant que la promesse était si proche une vitalité intense irradiait dans ses veines, le temps paraissait suspendu. La voie paraissait libre. Son regard vissé sur la sortie, elle s’élança.


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NOUS VOULONS LA SUIIIITE !!
pour le premier choix, la conséquence :

est directement dans le choix, il faudrait peut être trouver un moyen (note de bas pages peut être) pour dissocier les choix des conséquences nan?

ça me fait penser à cette histoire de "robot-animateur"… bienvenue dans notre dystopie

Ne t’inquiètes pas il s’agit vraiment d’un premier brouillon que nous avons tapé en première lecture. Comme Yan écrit à la main, nous avons discuté et pris des notes là où il y avait des trous, et la question du choix en fait partie. Dans la version finale, si ce choix existe, il fera bien une boucle mais c’est bien de le savoir avant quand on écrit…

En tout cas j’ai aussi hâte que toi de lire la suite !

@Yan un petit texte pour toi, ce n’est pas du tout le même style que toi, mais il y a des similarités, il s’agit d0une narration d’expérience en hopital de jour: https://www.lignes-de-cretes.org/mad-camp/
Il y a peut être des choses à prendre sur le rythmes des infirmières et d’autrres descriptions…
jsaispas

Usage des bracelets électroniques dans les EHPADs.

  • AgeVillage 18/07/2010:

    La [CNIL] a réalisé courant juin 2010, deux contrôles dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) mettant en œuvre des traitements d’appels activables par les résidents. Toute personne placée, sans exception, se voit attribuer un bracelet-montre électronique comprenant un bouton poussoir d’appel. Ce système permet alors à chaque résident d’appeler à tout moment un personnel aide soignant ou infirmier, détenteur d’un récepteur de signal précisant le nom de l’appelant.

    Dans un des établissements, le dispositif présente aussi une finalité « anti-fugue ». Dans ce cas, il est réservé, exclusivement sur prescription médicale, aux personnes désorientées mais non affectées dans l’espace fermé Alzheimer. A l’approche de secteurs prédéterminés, le bracelet-montre émet alors une alarme spécifique nécessitant l’intervention des personnels soignants.

  • Banque des Territoites 27/07/2010

    Devant le développement rapide de ces dispositifs, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a décidé de lancer plusieurs enquêtes sur place “afin de constater en pratique comment ils sont utilisés”. Ce n’est pas la première fois que la Cnil s’inquiète de possibles dérives en ce domaine. Dans un entretien au quotidien La Croix du 21 août 2008, Alex Türk, son président, estimait ainsi que cette technique constituait “en matière de liberté individuelle, l’une des évolutions les plus dangereuses de nos sociétés”, en raison du “double traçage dans l’espace et dans le temps” qu’elle permet.
    […]
    Curieusement, les principaux dangers pointés par la Cnil ne concernent pas les résidents, mais les salariés. Ces systèmes permettent en effet - même si ce n’est pas leur finalité officielle - la surveillance et le contrôle de l’activité du personnel soignant. Ils permettent ainsi de mesurer le délai qui s’écoule entre l’alerte et l’intervention, et les historiques - qui assurent une traçabilité totale des interventions - peuvent également être utilisés en cas de contentieux avec le salarié et/ou la famille. La Cnil a même relevé un cas de sanction disciplinaire “à l’encontre d’un salarié ayant commis une faute grave révélée grâce à l’enregistrement des horodatages”. Autre point faible : le manque d’information des intéressés. Les enquêteurs ont en effet constaté des “défauts d’information sur les droits des personnes, tant à l’adresse des résidents et/ou de leur famille que des salariés et de leurs instances représentatives”, ainsi qu’un manque de sécurisation des postes informatiques sur lesquels est installé l’applicatif.

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  • CNIL 07/07/2010
    article complet

    Quand le bracelet électronique pour personnes âgées surveille aussi les salariés

    07 juillet 2010

    L’utilisation de bracelets électroniques pour les personnes âgées dépendantes placées en établissement d’hébergement se développe. C’est pourquoi la CNIL a réalisé récemment des contrôles dans des établissements mettant en place ces dispositifs afin de constater en pratique comment ils sont utilisés. Il s’avère que ces systèmes permettent effectivement de surveiller les résidents, mais parfois aussi, de façon détournée, les salariés travaillant dans ces établissements.

    La Commission a réalisé courant juin 2010, deux contrôles dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) mettant en œuvre des traitements d’appels activables par les résidents. Toute personne placée, sans exception, se voit attribuer un bracelet-montre électronique comprenant un bouton poussoir d’appel. Ce système permet alors à chaque résident d’appeler à tout moment un personnel aide soignant ou infirmier, détenteur d’un récepteur de signal précisant le nom de l’appelant. Dans un des établissements, le dispositif présente aussi une finalité « anti-fugue ». Dans ce cas, il est réservé, exclusivement sur prescription médicale, aux personnes désorientées mais non affectées dans l’espace fermé Alzheimer. A l’approche de secteurs prédéterminés, le bracelet-montre émet alors une alarme spécifique nécessitant l’intervention des personnels soignants.

    L’outil de gestion du dispositif et d’enrôlement permet la traçabilité des appels émis par le résident et des « acquittements » effectués par le salarié par une historisation des horodatages. Par ailleurs, ce logiciel offre la possibilité de renseigner les actions effectuées par le salarié auprès du résident appelant. Les contrôleurs de la CNIL ont pu constater la présence en base active de fiches de personnes décédées, conservées sans délais depuis la mise en œuvre de l’outil.

    Ces contrôles ont également mis en lumière des finalités nouvelles, à savoir la collecte de données relatives aux mouvements corporels de résidents - fonction monitoring – dans un but de déterminer les phases de repos ou d’agitation suspectes. Ces fonctionnalités permettent aussi la surveillance et le contrôle de l’activité du personnel soignant. En effet, le directeur d’un des établissements a recours à l’application tant pour vérifier les diligences des salariés à répondre aux sollicitations que pour obtenir des éléments de preuve lors de litiges ou contentieux avec un salarié, un résident et/ou son représentant. Une sanction disciplinaire a été prononcée à l’encontre d’un salarié ayant commis une faute grave révélée grâce à l’enregistrement des horodatages.

    Ces contrôles ont permis de révéler des absences de formalités préalables. On constate également des défauts d’information sur les droits des personnes, tant à l’adresse des résidents et/ou de leur famille que des salariés et de leurs instances représentatives. Enfin, les accès aux postes informatiques recevant l’applicatif démontrent une sécurisation des données largement perfectible.

    La CNIL, dans sa formation contentieuse, délibérera prochainement sur les suites à apporter à ces contrôles et veillera à ce que ces dispositifs de surveillance se développent en conformité à la loi informatique et libertés.

  • Fugue mortelle en EHPAD, 2019 : le cas d’une femme atteinte d’Alzheimer qui fugue et meurt pose la question de la sécurité et de la responsabilité…

    Il apparaît qu’en l’espèce, l’établissement avait fait le choix, au terme d’un arbitrage financier, de ne pas équiper toutes les portes de sortie de détecteurs, en raison de l’utilité temporaire d’un tel investissement et de l’existence d’un projet de création d’une nouvelle structure d’hébergement permettant d’accueillir des personnes désorientées. Ainsi, les juges relèvent, sur la base du rapport d’enquête, que « plusieurs portes de sortie vers l’extérieur [étaient] équipées soit de barre antipanique, soit de verrou de type « bouton » rotatif, ces équipements permettant l’ouverture des portes et la sortie du bâtiment par un maniement simple ». Ils en concluent que « si l’équipement d’Huguette B. d’un bracelet électronique détecteur de sortie était, en principe, de nature à assurer la sécurité de cette dernière sans porter atteinte à la liberté d’aller et venir des autres résidents de l’établissement, toutefois, la SNCF n’a pas satisfait à son obligation de sécurité de moyens, renforcée par l’aggravation de l’état de santé d’Huguette B., en n’ayant équipé que seulement deux portes de sortie de détecteurs connectés audit bracelet, et en ayant ainsi laissé cet équipement de sécurité inopérant pour toutes les autres portes de sortie pouvant être ouvertes, sans détection, par simple maniement d’une barre antipanique ou d’un verrou à bouton rotatif ». Ces manquements ont concouru au décès en ce qu’ils ont empêché une détection immédiate de la fugue de la résidente.

  • Le bracelet sécurité alarme téléassistance pour personnes âgées

Je commence à avoir sérieusement besoin d’une version en ligne

@Yan insiste pour vous préciser que les scènes restent à rédiger, qu’on a reporté les idées scénaristiques.