Si par « Elle » tu entends la notion des droits humains, alors je ne suis pas d’accord avec toi. La charte apparaît bien après l’Holocauste, mais dans un contexte de reconstruction de la F̷̪̤̋ṟ̵͙̾͗a̷̛̩̎n̴͙͙̿́c̸̙͙̈e̵̪͒ d’après guerre : ce sont notamment les communistes résistants qui l’ont formulée. Je ne pense donc pas que l’intention ait été de « permettre les exploitations des populations que l’on souhaite soumettre et déshumaniser », même si dans les faits, notamment parce que le néolibéralisme est un anti-humanisme (Émile Jallé), les droits humains s’appliquent à çauz qui n’en ont plus d’autres.
Je te rejoins toutefois sur le fait que le relativisme culturel permet principalement d’éluder la remise en question du système (d’exploitation) dominant. C’est-à-dire que même si la conception de la vie ou de (ce) qui est humain change d’une culture à l’autre, là n’est pas la question : il s’agit de savoir ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas et lorsqu’un peuple invoque le respect des droits humains pour répondre à un génocide, on s’en contrefout de savoir si son exterminateur le considère humain ou pas.
Pour rappel, Charles Darwin posait les peuples de la Terre de Feu, disparus depuis, exterminés, comme les plus proches de l’homme pré-historique. Ainsi la Théorie de l’Évolution de Darwin s’inscrit dans son époque de croyance à un progrès mécanique et linéraire.
Il me semble qu’avec les théories scientifiques, encore méconnues et incomprises, de la Relativité Restreinte (qui établit les invariants physiques et l’unité de l’espace-temps) et la Relativité Générale (qui refonde la notion de Gravitation et ouvre sur les paradoxes spatio-temporels), ainsi que le grand retour de l’Écologie, on peut repenser une grande partie des notions dominantes eurocentrées en embrassant l’intériorité des cultures (et espèces) qui ont été massacrées par « le Progrès » sans tomber ni dans le relativisme ni dans une superstition transcendantale qui dérivent vite vers le New Age ou le complotisme.
Ce qu’on peut dire sur les droits humains et leur compréhension, c’est qu’ils découlent d’une volonté de poser l’égalité de principe entre les humains – bien qu’ils se nomment, au départ, « droits de l’Homme » – afin de refuser en bloc toute situation conduisant à la soumission d’un humain à un groupe humain pour quelque raison que ce soit ; on peut dire aussi qu’entre la formulation simple et nette de la première version de 1948 et celle qui est aujourd’hui promue par les Nations Unies comme loi depuis 1976, il y a une immense perte de sens. Heather Marsh s’est penchée sur la question dans Binding Chaos : voir la section Human Rights Law dans Individuals in society | Heather Marsh.
C’est pour cela qu’il me semble important de questionner, toujours, qui dit quoi et d’où. Si les grandes puissances occidentales peuvent se permettre d’édulcorer toutes les notions qui nous intéressent pour s’en affranchir, et utiliser leurs « intellectuels » pour appuyer leur propagande de guerre et permettre à leurs cadres de bien dormir la nuit, il nous appartient de leur tendre le pied et les aider à se rétamer sur le béton qu’elles aiment tant.